Cyclisme / Parole d'anciens

Les souvenirs de l'Issoirien Jean-Claude Theillière : des exploits et quelques regrets

Les souvenirs de l'Issoirien Jean-Claude Theillière : des exploits et quelques regrets
Quand Jean-Claude Theillière ouvre la boite aux souvenirs, l'Issoirien évoque forcément sa victoire surprise aux championnats de France professionnel sur route, le 23 août 1966 à Sallanches. Il a d'ailleurs conservé précieusement le journal L'Equipe du lendemain. "Theillière : jeunesse, audace, force" avait titré le quotidien sportif national. © Agence ISSOIRE
Replongeons nous dans le cyclisme des années 60 avec Jean-Claude Theillière, le natif de Blanzat entré dans la carrière professionnelle de manière sensationnelle. A 22 ans, il gagnait le championnat de France sur route, devant Jean Stablinski. L'Issoirien raconte ses exploits et évoque aussi ses déceptions.

Aujourd'hui âgé de 76 ans, Jean-Claude Theillière n'a rien oublié de ses exploits cyclistes qu'il nous fait revivre avec enthousiasme.

Le Blanzatois de naissance, installé à Issoire depuis le milieu des années 70, confie avoir gardé la nostalgie du Tour de France, qu'il a disputé trois fois, évoque aussi Jacques Anquetil et Eddy Merckx, deux champions d'exception qui l'ont impressionné.

Avec plus de deux cents victoires, l'Issoirien s'est constitué un palmarès enviable, qu'il aurait sûrement aimé plus étoffé chez les pros. Et il avoue avoir conservé quelques regrets. Comme celui de n'avoir pas disputé le Tour 1966, l'année de son sidérant succès au championnat de France sur route, à Sallanches.

"J'ai soufflé le cinquième titre (national) à Jean Stablinski"

Le titre de champion de France 1966 est-il le meilleur souvenir de vos sept saisons pros ?

Oui, même si cette année-là j’ai aussi gagné le Grand Prix du Midi Libre, alors que je n’étais pas encore pro, seulement « indépendant ». Jean Stablinski était l’archi-favori. Il avait gagné quatre fois et je lui ai soufflé son cinquième titre. On était dans la même équipe (Ford France, ndlr). Jean a été vexé, on avait douze ans d’écart, lui en avait 34, moi 22 ; il avait été battu par un jeune.

J’ai eu ma licence professionnelle le 17 août et six jours après j'ai gagné le championnat de France sur route, à Sallanches

Jean-Claude Theillière a réussi l'exploit de remporter sa première course disputée en tant que coureur professionnel. Le titre de champion de France sur route, obtenu le 23 août 1966 à Sallanches, a bouleversé la vie du jeune typographe clermontois (22 ans), sorti d'un coup d'un quasi anonymat, malgré son succès quelques mois plus tôt au Grand Prix du Midi Libre, à Béziers.

Le retentissement a été énorme...

Cela a été un événement, car c’était ma première course en tant que professionnel. Il est très rare de remporter sa première course, surtout au championnat de France et devant Stablinski (titré chez les pros en 1960, 1962, 1963 et 1964, ndlr). Cela a été la grosse surprise et ça a changé toute ma vie.

Pourquoi êtes-vous passé pro qu’en août, en plein milieu de la saison ?

Parce que les dirigeants de Ford France voulaient d’abord voir ce que je valais. On était deux dans ce cas-là, avec Raymond Riotte. Deux « indé » à faire partie d’une équipe pro. J’ai eu tout de suite des résultats. Et après ma victoire au Midi Libre, Raphaël Géminiani (directeur sportif de Ford France, ndlr) a voulu me faire passer pro. Seulement, la « fédé » ne voulait pas m’attribuer de licence, parce qu’elle ne les donnait qu’en début d’année. Raphaël a dû insister et je l’ai eue le 17 août, six jours avant le championnat de France, à Sallanches...


« Aujourd’hui, on ne peut plus battre son leader »

Faites nous revivre le final de cette course entrée dans la légende...

Je suis revenu sur Stablinski tout seul, dans la dernière côte. André Foucher (un Breton de la Pelforth, ndlr), lui, n’est rentré sur nous que dans la descente avant l’arrivée. Cela ne nous inquiétait pas trop, parce qu’on savait qu’il n’allait pas vite au sprint. Moi, je n’ai ramené personne, donc je n’ai pas commis de faute. Je me disais que j’allais finir troisième, parce qu’il était impossible que Stablinski soit battu au sprint et que Foucher était un autre grand coureur. Troisième, c’était extraordinaire !

Étant leader chez Ford avec Anquetil, Jean Stablinski aurait pu me demander d’emmener le sprint. Mais il ne m’a rien dit. Il était tellement sûr de gagner...

Première victoire chez les pros en mai 1966, au Midi Libre, alors que Jean-Claude Theillière n'est encore que coureur indépendant, associé à l'équipe Ford France Hutchinson. Le typographe clermontois a tout juste 22 ans quand il dépossède Raymond Delisle du maillot jaune et remporte à Béziers cette épreuve qui a figuré au nombre des grandes courses par étapes françaises jusqu'en 2002.

Comment avez-vous donc fait pour déjouer les pronostics ?

J’ai attaqué aux 500 mètres et Stablinski n’a pas pu me sauter sur la ligne. Il a raté son sprint et j’ai gagné le mien. Il n’y a pas eu d’arrangement entre nous. Étant leader chez Ford avec Anquetil, il aurait pu me demander d’emmener le sprint. C’est ce que j’aurais fait à sa place pour ne pas me faire battre par Foucher, mais il ne m’a rien dit. Il était tellement sûr de gagner...

Comment votre victoire a-t-elle été accueillie par le staff et vos coéquipiers de Ford France ?

J’ai pensé que j’aurais droit à des reproches, que je n’allais plus pouvoir courir par la suite. Le soir, les coureurs et les directeurs sportifs en ont discuté. Raphaël a tout remis d’aplomb et, avec Jean, on s’est toujours bien entendu. S’il m’en avait voulu de l’avoir battu, il ne m’aurait pas pris dans son équipe (Sonolor) avec presque le statut de leader en 1969. Ceci dit, aujourd’hui, un équipier ne pourrait plus battre son leader comme je l’ai fait. Mais c’est bien parce que Jean ne m’a pas parlé que j’ai pu faire mon sprint.

"Quand arrive juillet, j'ai la nostalgie du Tour de France"


Excepté le championnat de France, quelle course aimeriez-vous refaire aujourd’hui, s'il était possible de remonter le temps?

Le Tour de France ! Quand arrive le mois de juillet, j’ai la nostalgie du Tour (il l’a disputé trois fois et a fini 13e en 1969, ndlr). Cela ne me passe pas. Il faut avoir fait le Tour lorsqu’on est pro. Sinon, il vous manque quelque chose. Les autres courses n’ont rien à voir, à côté. C’est le Tour qui te permet de savoir ce que tu vaux. C’est la plus belle course, surtout pour un Français. Je peux comparer : j’ai disputé tous les grands tours (dont la Vuelta en 1967 et le Giro en 1968, ndlr).Jean-Claude Theillière, ici à l'entraînement en 1967 sur les pentes du puy de Dôme, aurait aimé s'illustrer deux ans plus tard sur les flancs du géant des Dômes. Mais une crevaison au bas de la descente du col de la Moreno l'a empêché de bien figurer au sommet du puy de Dôme, terminus de la 20e étape du Tour de France 1969.

"En 1966, je ne fais pas le Tour, c'est un de mes gros regrets"

En 1966, vous êtes champion de France, mais vous ne faites pas le Tour que Lucien Aimar remporte avec l'aide de son leader, Jacques Anquetil. Pourquoi n'avez-vous pas été retenu dans l'équipe Ford France?

Parce que le championnat de France avait lieu après le Tour, à l'époque. Autrement, j'aurai été sélectionné, naturellement, étant en bleu-blanc-rouge. C'est un des gros regrets de ma carrière. Le staff de l'équipe a jugé que j'avais encore le temps (pour débuter sur le Tour). Je n'avais que 22 ans, mais il faut battre le fer tant qu'il est chaud, comme on dit. Parce que l'année d'après, tu peux ne pas "marcher" aussi fort. Et c'est ce qui s'est passé pour moi...

En 1969, lors de l'étape Brive-le puy de Dôme, j'arrivais chez moi. Je passe en tête (du peloton) au sommet de la Moreno, le dernier col avant le puy de Dôme. Il restait moins de dix kilomètres à faire, mais je crève dans la descente.

Avez-vous d'autres regrets liés au Tour de France?

Oui, en 1969, lors de l'étape Brive-le puy de Dôme (remportée par la lanterne rouge, Pierre Matignon, à l'issue d'une longue échappée en solitaire, ndlr). J'arrivais chez moi, j'étais excité comme une puce. Je passe en tête (du peloton) au sommet de la Moreno, le dernier col avant le puy de Dôme. Il restait moins de dix kilomètres à faire, mais je crève dans la descente, de la roue arrière, juste avant de tourner à gauche et de prendre la route du péage. J'en aurai pleuré. Pourtant, à Brive, les mécanos m'avaient mis deux boyaux neufs.

Avez-vous pu tout de même revenir dans le peloton?

Deux coéquipiers m'ont attendu mais quand je suis arrivé au péage je n'étais qu'en queue de peloton, vers la 70e position. J'ai passé une cinquantaine de gars dans la montée et j'ai fini 22e au sommet. C'était une grande déception, parce que je voulais faire un truc et que je n'étais pas à ma place. Ce jour-là, vu comme je marchais, sans me vanter, j'aurai fini dans les cinq premiers. Cet épisode-là, les gens ne s'en rappellent plus, mais moi je ne l'ai pas oublié. Heureusement, au général, je n'avais pas perdu ma 13e place.Jean-Claude Theillière a eu très jeune la "pancarte", après avoir endossé la tunique bleu-blanc-rouge en août 1966. Une réputation flatteuse qui l'a desservi par la suite. "C'est bien de ne pas être connu, souligne-t-il. Quand tu l'es, tu ne sors plus du peloton. Les pros ne m'ont pas fait de cadeaux quand je portais le maillot bleu-blanc-rouge. Même dans les critériums, ils ne me laissaient pas gagner."

"Le contre-la-montre, je n'aimais pas ça"

Vous l'avez d'ailleurs conservée jusqu'à Paris, en dépit du contre-la-montre final, entre Créteil et la Cipale (37 km)...

Le contre-la-montre, je n'aimais pas ça, ce n'était pas mon truc. J'avais l'impression d'aller vite, mais finalement je n'avançais pas... Ce jour-là j'avais une grande motivation. Je défendais ma 13e place au général et je l'ai gardée (l'Auvergnat a fini juste derrière Lucien Van Impe, 12e et vainqueur du Tour en 1976, ndlr). J'ai fini 31e à la Cipale, ma meilleure place dans un chrono chez les professionnels. Ce qui prouve qu'en étant motivé, je pouvais mieux faire qu'à l'ordinaire.

Raphaël Géminiani m'a fait passer pro, chez Ford France, la meilleure équipe au monde, à l'époque

De quel directeur sportif vous sentiez-vous le plus proche?

Naturellement Raphaël Géminiani. On habitait tous les deux à Clermont. Et c'est lui qui m'a fait passer pro, chez Ford France, la meilleure équipe au monde, à l'époque. Je le vois toujours et on rigole encore. Il a une santé incroyable. Et pour moi, c'est le meilleur coureur auvergnat de tous les temps.

Pourtant, votre collaboration n'a duré que trois ans. Pourquoi vous êtes-vous séparés?

Parce qu'on lui faisait des reproches quand je ne marchais pas. Il en avait un peu marre des réflexions, alors que c'est moi qui pédalait, quand même. Des gens de notre entourage lui disaient qu'il ne faisait pas ce qu'il fallait avec moi. Un jour, il m'a appelé et m'a dit que j'allais partir chez Sonolor Lejeune, l'équipe qui se montait avec Stablinski comme directeur sportif. On s'est mis d'accord avec Raphaël et cela a été fini. Mais il n'y a eu aucun problème entre nous.Jean-Claude Theillière a remporté plus de deux cents victoires au cours d'une carrière qui a été finalement assez courte. Il a signé l'un de ses plus beaux succès au Grand Prix du Midi Libre 1966.

"Raymond Louviot m'a fait gagner le Midi Libre !"

Un autre directeur sportif a-t-il beaucoup compté pour vous?

Oui, Raymond Louviot, qui dirigeait Ford France avec Raphaël. Il m'a fait gagner le Midi Libre, en mai 1966. A l'époque, il n'y avait pas d'oreillette et dans l'avant-dernière étape il n'a pas arrêté de claxonner pour venir à ma hauteur, dans le peloton. "Attaque, ils sont cuits", il me disait. La troisième fois, je me suis décidé. J'ai attaqué et j'ai repris des gars de mon équipe qui étaient à l'avant. A l'arrivée, Raymond Delisle, le maillot jaune, avait quatre minutes de retard sur mes coéquipiers de Ford et moi. Je n'ai pas gagné l'étape, mais on a pris les trois premières places et le soir à Carcassonne j'étais en jaune. Si Louviot n'avait pas insisté, franchement je n'aurai pas gagné le Midi Libre à Béziers, devant Delisle.

Vous étiez si jeune et presque à votre apogée...

J'avais remplacé un pro de l'équipe Ford. Moi, je n'étais pas encore payé au mois. Cela m'a fait drôle de voir mes coéquipiers, tous professionnels, se mettre à mon service. Quand tu as 22 ans, tu ne penses pas que ça soit possible. C'est un très grand souvenir.

"A la sortie du Bataillon de Joinville, je voltigeais"

Etait-ce votre meilleure saison?

Oui, je place 1966 avant 1969, qui a été une bonne année avec ma 13e place au Tour de France. En 1966, j'ai eu des résultats dans pratiquement toutes les courses. Je sortais du Bataillon de Joinville où j'avais passé seize mois à ne faire que du vélo. Et j'ai tout de suite voltigé. Je marchais comme un avion. Je mettais montré à Paris-Nice, j'ai fait 5e du Grand Prix d'Eibar, en Espagne, 9e du Critérium du Dauphiné, plus la victoire au Midi Libre. A l'époque, c'était une course internationale, une grande épreuve par étapes, comme le Dauphiné.Jean-Claude Theillière a reçu les insignes de chevalier dans l'ordre national du mérite des mains de Jean-Paul Bacquet, en juin 2010.

Le Giro 1968 a été la seule course durant laquelle je ne voulais plus que ça descende, mais toujours que ça monte, tellement j'avais froid

Quelle a été la course la plus difficile pour vous?

Ce n'est pas le Tour, mais le Giro 1968. C'est la seule course durant laquelle je ne voulais plus que ça descende, mais toujours que ça monte, tellement j'avais froid. Sur les 21 étapes, on a dû en faire 18 sous la pluie et la neige, dans le froid et le vent. Dans le Tour, il fait souvent très chaud, mais c'est supportable. Par contre, le froid, c'est terrible pour un coureur. Je me souviens qu'on avait roulé dans les Dolomites sous la neige. En général, quand tu montes dans un col, tu ne penses qu'à la descente qui va suivre (pour récupérer). Mais avec les intempéries, je ne voulais plus que ça descende... 

"Jacques Anquetil a amené le 53x13 dans le peloton, il avait une force énorme"

Quel coéquipier vous a le plus marqué ?

Jacques Anquetil, avec lequel j'ai couru pendant trois ans, chez Ford puis Bic. Il était en fin de carrière et je n'ai malheureusement pas pu disputer le Tour à ses côtés, puisqu'on ne m'a pas sélectionné en 1966, quand il a préféré faire gagner Lucien Aimar plutôt que de voir Raymond Poulidor s'imposer. C'est quelqu'un que j'aimais bien. J'ai une anecdote avec lui. Au Tour de Catalogne 1967 qu'il a gagné. Je me souviens qu'il avait crevé à une quinzaine de kilomètres de l'arrivée d'une étape alors qu'il portait le maillot de leader. Cela roulait fort devant et toute l'équipe l'a attendu. On l'a ramené à 400 m du peloton et il nous a dépassé sans qu'aucun de nous ne puisse prendre sa roue.

Et il est rentré seul dans le peloton ?

Oui, Anquetil nous a laissés sur place et tous les six on a fini l'étape avec trois minutes de retard. Il y avait pourtant des costauds dans notre équipe : Julio Jimenez, Rolf Wolfshohl, Jean Milesi, Anatole Novak... Le soir, à l'hôtel, il était déjà à table quand on est arrivé. Et un peu ironiquement il nous a demandé si on n'avait pas eu mal aux jambes à la fin de l'étape... Anquetil avait une énorme force dans les reins. C'est lui qui a amené le 53x13 dans le peloton. Lui pouvait le pousser, mais nous on avait vraiment du mal à le faire.Toujours licencié à la Fédération française de cyclisme, depuis 1959, Jean-Claude Theillière continue de s'investir bénévolement pour le cyclisme régional. Depuis quelques années, il a rejoint l'équipe d'Issoire Sport Organisation (ISO) que dirige Nicolas Mallet (à droite).

C'est parce qu'Eddy Merckx voulait tout bouffer que Christian Raymond, l'un de ses équipiers chez Peugeot, l'a surnommé le Cannibale

Quel adversaire vous a le plus impressionné?

Incontestablement, Eddy Merckx. Il voulait tout gagner, de Milan-San-Remo (en mars) au Tour de Lombardie (en octobre). Et c'est parce qu'il voulait tout bouffer que Christian Raymond, l'un de ses équipiers chez Peugeot, l'a surnommé le Cannibale. En 1969, Merckx gagne son premier Tour, le meilleur pour moi. Quand il remporte l'étape Luchon-Mourenx, on était six à rouler derrière lui en se relayant, mais il nous a pris huit minutes. Pourtant, on était à fond mais il ne faisait que nous prendre du temps. C'était un truc de fou. Un des exploits de Merckx. Il y en a eu beaucoup d'autres, mais celui-ci m'a marqué parce que j'étais à l'avant et j'ai fini 5e de l'étape.

Propos recueillis par Raphaël Rochette

 

BIO EXPRESS

1944 : naissance le 23 mai à Blanzat, au domicile de ses parents, Amédée et Yvonne.


1959 : première licence, en cadets, à l’Amicale Cycliste Clermontoise.


1966 (23 août) : champion de France sur route professionnel, à Sallanches.


5 : le nombre d’équipes dont l’Issoirien a porté le maillot durant sept saisons chez les pros : Ford France (1966), Bic (1967-68), Sonolor-Lejeune (1969-70), Fagor-Mercier (1971) et Gitane (1972).


210 : le nombre de victoires de ses débuts à 1977, sa dernière saison, en amateurs, à l’US Issoire.

 


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