En zappant il y a quelques jours sur Infosport +, je suis retombé sur ce documentaire. En raison de l'épidémie de Covid-19, la chaîne d'information sportive en continu du groupe Canal + a totalement bouleversé sa grille et propose, en boucle, des documentaires sportifs "maison" : Intérieur Sport, Sport Reporter...
Ce jour-là, la chaîne rediffuse un ancien numéro d'Intérieur sport, consacré au décathlonien Kevin Mayer : "A corps perdu". Un documentaire réalisé en 2019 par Vincent Alix qui retrace toute la préparation de l'athlète tricolore jusqu'aux championnats du monde de Doha, que le recordman du monde de cette discipline si exigeante (dix épreuves : quatre courses, trois lancers et trois sauts à effectuer en deux jours) abordait dans le costume de favori.
Un rendez-vous important sur la route de Tokyo pour le champion du monde en titre et vice-champion olympique (en 2016) qui, outre le titre mondial, vient chercher son billet pour les Jeux Olympiques (ils ont été reportés en 2021 en raison de la crise sanitaire qui frappe le monde entier, ndlr). L'objectif d'une vie, d'une carrière.
Pendant huit mois, les caméras d'Intérieur Sport nous plongent dans le quotidien de Kevin Mayer. Du soleil de Miami, point de départ de sa préparation, jusqu'à la chaleur étouffante du Khalifa International Stadium de Doha, théâtre des championnats du monde d'athlétisme les plus controversés de l'histoire, organisés devant des tribunes vides.
Une immersion exceptionnelle au coeur du clan Mayer. Autour de cet athlète hors-norme, son entraîneur, Bertrand Valcin, et son préparateur physique, Jérôme Simian. Ce documentaire de 52 minutes nous amène au plus près du décathlonien, captant ainsi des confidences rares entre le sportif et son staff. Mais surtout, cette plongée en "inside" nous offre un incroyable ascenseur émotionnel, de cette joie immense lorsqu'il explose son record personnel au lancer du poids à cette issue aussi inattendue que cruelle dans la nuit qatarienne.
On se rend mieux compte de tout ce que peut endurer un sportif d'un tel niveau et jusqu'où il est capable de repousser ses limites. L'enchaînement des épreuves lors de ce décathlon réveille chez le Français les blessures qui avaient perturbé sa préparation. Et en déclenchent d'autres. Les soins apportés par le préparateur physique au terme de la première journée, comme le lendemain entre les différentes épreuves, n'y changent rien.
Abandonné par son corps qui finit par lâcher de tous les côtés, Kevin Mayer va tout donner, aller au bout de lui-même. Jusqu'à l'extrême, lors de la 8e des dix épreuves, celle du saut à la perche. Jusqu'au moment où son corps n'en peut plus et finit par dire stop...
Manuel Caillaud
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