Danse sur glace

Après son burn out, Gabriella Papadakis dénonce le "climat malsain" du patinage : "il rentrait dans les vestiaires"


Gabriella Papadakis dénonce le "climat malsain" du patinage
Gabriella Papadakis, qui n'a plus patiné en compétition depuis 2022, confie "avoir été en burn out pendant longtemps, mais ça va beaucoup mieux". La danseuse sur glace clermontoise dénonce par ailleurs le "monde systémique et malsain" du patinage.

Un titre olympique, cinq médailles d'or mondiales, cinq couronnes européennes et sept sacres nationaux. Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron ont tout gagné au cours de leur carrière. Après des années à évoluer au plus haut niveau, le couple clermontois de danse sur glace n'a plus patiné en compétition depuis la fin de saison 2022. S'ils n'ont pas encore annoncé de date de retour, ils n'ont pas abandonné leurs patins pour autant puisque leur quotidien est allègrement rythmé par les spectacles et les galas.

Cette nouvelle vie, loin des compétitions, a notamment permis à Gabriella Papadakis de prendre soin de sa santé mentale. À l'occasion d'un long entretien accordé à nos confrères de France Info, la patineuse a notamment confié avoir été en burn out. "C'est comme si tous les trucs que j'avais ignorés - et que j'avais mis dans des petites boîtes toute ma carrière -, étaient ressortis. J'étais dans le déni. Je ne m'en rendais pas compte car c'était provoqué par des choses qui sont normalisées autour de moi. Et je me suis dit : 'Allez ! On continue, on continue, on continue !' Et à un moment, bam ! J'ai frappé le mur. Ça a commencé un peu avant le Covid, puis ça a vraiment frappé pendant la pandémie. D'un coup, je me retrouvais toute seule. Je n'avais pas de compétition, il n'y avait pas d'adrénaline, rien. Plus rien. D'un coup, bam ! Tu te regardes dans le miroir, et tu te dis qu'il va falloir régler certaines choses." (...)

"Je pense que j'étais en burn out depuis longtemps. Et je suis restée en burn out. Aujourd'hui, ça va beaucoup mieux, parce que c'était un travail [thérapeutique] que je ne pouvais pas faire pendant que je patinais."

Gabriella Papadakis (empty)

La Clermontoise, qui vit à Montréal depuis 2014, en a aussi profité pour dénoncer le cadre systémique et malsain du patinage.

"Le problème, c'est qu'on autorise, qu'on accepte et qu'on normalise quand même beaucoup de violences. Et on pense que les résultats vont juste les effacer ou les annuler, ou permettre de tout pardonner. Alors que non ! Moi, je crois sincèrement que ces violences ne sont absolument pas nécessaires à la réussite. Il reste beaucoup de problèmes systémiques, même s'il y a du mieux, et que ça évolue énormément."

"Tu regardes autour, et tu vois que les gens s'en foutent"

Et d'illustrer son propos : "Il y a certaines choses que je n'ai pas envie d'évoquer, mais, par exemple, tout ce qu'il s'est passé ces dernières années avec l'affaire Sarah Abitbol (qui a accusé son entraîneur Gilles Beyer de viol, ndlr)... (...) Il est important de comprendre que ce ne sont pas des actes isolés, ni des personnes isolées. C'est un climat. Moi, par exemple, quand je partais en tournée, j'avais entre 16 et 18 ans. On partait en tournée avec Gilles Beyer quoi ! Qui était bourré, qui nous faisait des commentaires toute la journée, et qui rentrait dans les vestiaires quand on se changeait. On en riait parce qu'on ne savait pas quoi faire. Il n'y avait pas d'autres issues. Tout le monde trouvait ça normal, et tout le monde faisait comme si c'était normal. Donc oui, c'est un climat. Une autre fois, par exemple, et je ne sais même pas si j'étais majeure, un commentateur de la télé me dit qu'il voudrait être au lit avec moi, puis fait d'autres commentaires comme ça, sur mon corps. Ce qui me fait le plus de mal, ce ne sont pas les actes en eux-mêmes, mais la façon dont c'est normalisé."

Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron en gala avec l'équipe de France à Clermont, le 13 avril

"Tu regardes autour, et tu vois que les gens s'en foutent. Moi, je voyais Gilles, clairement... Ce n'était pas l'ampleur de ce qu'a décrit Sarah Abitbol. Je n'ai pas assisté à des choses de ce niveau-là, mais quand même, c'étaient des choses très problématiques. On savait déjà qu'il avait un passé d'abus, et qu'il s'occupait de jeunes comme si de rien n'était. Au final, tu grandis en te disant à toi-même : 'Je n'ai aucune importance.' C'est dur. Très dur. Et tu ne t'en rends pas compte en plus. Moi, évidemment que je ne me suis pas dit ça à cette époque-là. Mais, maintenant, je me rends compte que je me suis formée dans ce sport en ayant ce sentiment-là."


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